Fact-checking

Selon le CLEMI, le terme anglais fact-checking, littéralement « vérification des faits », désigne un mode de traitement journalistique, consistant à vérifier de manière systématique des affirmations de responsables politiques ou des éléments du débat public.

« Ce mode de traitement journalistique s’est imposé en France depuis une dizaine d’années, suivant son développement aux États-Unis. À l’origine, le terme désignait un processus de vérification interne dans les organes de presse anglo-saxons. Les journaux avaient dans leur sein (et continuent d’avoir) des employés dont le travail était de vérifier l’exactitude des faits, chiffres ou citations rapportés par les journalistes de terrain. Une forme de contrôle interne de la rigueur de l’information. Mais depuis une quinzaine d’années, le terme désigne une pratique consistant à vérifier de manière systématique les éléments du discours politique, et plus largement du débat public. Un certain nombre de journaux ont mis en place des structures dédiées, notamment en période électorale. Avec l’explosion d’Internet, des sites spécialisés ont vu le jour. Un des premiers fut factcheck.org, site non-partisan et à but non-lucratif. Sa mission revendiquée pourrait résumer le credo des fact-checkers : clarifier le débat public en vérifiant et corrigeant les assertions trompeuses ou confuses. En France, le site d’observation des médias «Arrêt sur Images» fut un des pionniers du genre. Puis Libération et Le Monde, avec respectivement les rubriques «Désintox» et le blog «Les Décodeurs», lancèrent à la fin des années 2000 des espaces entièrement consacrés à la pratique, dédiant des journalistes à cette seule tâche. L’élection présidentielle de 2012 fut le cadre d’une quasi-généralisation de ces rubriques dans l’ensemble des médias français, dans la presse écrite, mais aussi sur les radios et à la télévision. Désormais, certains journalistes ont pour seule fonction de procéder à une écoute exhaustive des déclarations politiques et à en vérifier aussi systématiquement que possible la teneur.

Depuis, la pratique du fact-checking s’oriente dans deux directions. L’émergence des réseaux sociaux et le rôle qu’ils jouent dans l’information ont poussé les fact-checkers à étendre leur veille sur la Toile. Désormais, le fact-checking consiste aussi à sortir du champ de la parole politique pour aller débusquer les rumeurs et fausses informations véhiculées sur le Net. Dans le même temps, le fact-checking a aussi été touché par l’exigence de réactivité que s’assignent les médias en général. Ainsi, des expériences de vérification en live ont été tentées dans des émissions politiques à la télé, des journalistes étant en charge de vérifier en direct les déclarations des invités. De leur côté, les journalistes en charge du fact-checking dans les médias ont désormais coutume de procéder sur le réseau Twitter, en direct, à des vérifications des propos énoncés lors de ces mêmes émissions ou débats politiques. La phase suivante de cette évolution est l’automatisation du fact-checking, souhaitée et expérimentée par certains. En 2013, le Washington Post a ainsi présenté son Truth Teller, un logiciel robot, qui transcrit en temps réel les discours politiques et les compare avec le stock de vérifications déjà effectuées par les journalistes. Des projets similaires sont aujourd’hui à l’étude, au sein de journaux comme Le Monde.

Un paradoxe se dessine toutefois : alors que la pratique du fact-checking s’est institutionnalisée, est l’objet de cours dans les écoles de journalisme, et a pris une grande place dans le débat public, son efficacité est régulièrement questionnée. Les dernières élections ont montré que les vérifications échouent le plus souvent à détourner les responsables politiques de leur propos erronés ou mensongers. Et surtout, le fact-checking se voit reprocher, par une partie des citoyens, sa prétention à dire le vrai, critique de plus en plus commune à l’endroit des médias en général. »

Texte de Cédric Mathiot, journaliste, responsable de la rubrique Désintox, Libération.

TinEye, une site pour suivre le parcours d’une image

Qu’il s’agisse de photos truquées ou de vidéos détournées, le contenu multimédia n’échappe pas à la désinformation. Pour s’assurer de la véracité des images sur internet, ce site  permet de remonter le parcours de l’image étape par étape, en voyant où elle a d’abord été publiée avant d’être réutilisée, et même de comparer l’originale  afin de débusquer les photos retouchées voire trafiquées.

https://tineye.com/

De quoi la « cancel cuture » est-elle le nom ?

D’après le Cambridge Dictionary, la cancel culture est définie comme « une façon de se comporter dans une société ou un groupe, en particulier sur les réseaux sociaux, dans laquelle ou lequel  il est courant de rejeter complètement et d’arrêter de soutenir quelqu’un parce qu’il a dit ou fait quelque chose qui vous offense ». Ce mouvement, né aux Etats-Unis, consiste donc à dénoncer publiquement, en vue de leur ostracisation, des individus, groupes ou institutions responsables d’actions, comportements ou propos perçus comme problématiques.

Si dans un premier temps, ce phénomène est né dans la continuité de mouvements sociétaux libérateurs comme le mouvement « #Me Too » qui a donné la parole aux femmes d’une part, et « l’affaire Harvey Weinstein », mettant en cause le producteur hollywoodien pour ses agressions sexuelles, il a ensuite pris une toute autre ampleur notamment dans la vague de déboulonnage de statues de certaines figures du passé  liées à la colonisation et à l’esclavage. 

France Info, dans son article « Qu’est-ce que la « cancel culture », qui fait souvent polémique sur les réseaux sociaux ?« , propose une définition simple de ce mouvement tout en en dressant un rapide historique. 

https://www.francetvinfo.fr/culture/livres/jk-rowling/video-qu-est-ce-que-la-cancel-culture-qui-fait-souvent-polemique-sur-les-reseaux-sociaux_4644741.html

France Culture, dans « Comment la « cancel culture » se développe tardivement en France« , revient sur les mécaniques qui ont exporté cette tendance de fond des Etats-Unis vers l’Europe, et particulièrement en France, lors notamment des manifestations contre le réalisateur Roman Polanski à l’occasion de la sortie de son film « J’accuse » en 2019. 

https://www.franceculture.fr/societe/comment-la-cancel-culture-se-developpe-tardivement-en-france

Franc culture, toujours, et pour aller plus loin, se demande finalement si la cancel culture ne serait pas une nouvelle tyrannie. En effet, « importé des Etats-Unis, terre d’élection d’une nouvelle vague de penseurs combattifs, rattachés à divers mouvements (anticolonialistes, antiracistes, féministes, anti-homophobes, anti-appropriationnistes…), le mot « cancel culture » résonne aussi en France. Hystérisés par des modes de conflit comparables bien qu’à des échelles différentes, à l’image de la question des violences policières, racistes et sexistes, les deux pays sont traversés par une ligne de fracture politique qui renvoie à une certaine éthique de la conversation et du débat public. La « cancel culture » serait ainsi le nom d’un nouveau champ de bataille où les combattants s’affrontent autant sur la forme des désaccords que sur le fond qui les sous-tendent. »

https://www.franceculture.fr/conferences/fondation-dentreprise-ricard/cancel-culture-une-nouvelle-tyrannie

Enfin, dans l’article « Ce que la damnatio memoriae, cancel culture de la Rome antique, nous dit sur l’après-Trump« , Robyn Faith Walsh montre qu’en souhaitant effacer de l’histoire certaines personnalités, les Romains ont fait tout le contraire, allant jusqu’à finalement construire le mythe de ceux qu’ils voulaient supprimer de la mémoire collective. 

https://www.slate.fr/story/201835/donald-trump-oublier-enterrer-dirigeants-histoire-erreur-rome-antique-damnatio-memoriae-cancel-culture

Factuel

Le site de fact-checking de l’AFP, acronyme  pour Agence France-Presse, une agence de presse internationale dont la principale mission est de récupérer, vérifier et diffuser une information auprès des médias et des administrations en s’assurant  au préalable de sa neutralité et de sa fiabilité.

Cette agence de presse publie sa première dépêche le 20 août 1944  qui annonce que  « grâce à l’action des Forces françaises de l’intérieur, les premiers journaux libres vont paraître« . Elle compte Eric Schwab parmi ses premiers photographes de presse. Ce dernier est connu pour avoir accompagné Meyer Levin (écrivain et journaliste américain) dans la découverte et la documentation des camps de concentration nazis en avril et mai 1945.

« La vérification des faits fait partie intégrante de l’AFP en tant qu’Agence de presse internationale depuis près de 180 ans. L’AFP a un statut unique sous la législation française. L’Agence a lancé en son sein un site et un service dédiés au fact-checking en réponse à la multiplication des fausses informations et de la désinformation en ligne, en s’inspirant de son expérience au sein du projet collaboratif CrossCheck, pour les élections en France en 2017. »

https://factuel.afp.com/