De quoi la “cancel cuture” est-elle le nom ?

D’après le Cambridge Dictionary, la cancel culture est définie comme “une façon de se comporter dans une société ou un groupe, en particulier sur les réseaux sociaux, dans laquelle ou lequel  il est courant de rejeter complètement et d’arrêter de soutenir quelqu’un parce qu’il a dit ou fait quelque chose qui vous offense”. Ce mouvement, né aux Etats-Unis, consiste donc à dénoncer publiquement, en vue de leur ostracisation, des individus, groupes ou institutions responsables d’actions, comportements ou propos perçus comme problématiques.

Si dans un premier temps, ce phénomène est né dans la continuité de mouvements sociétaux libérateurs comme le mouvement « #Me Too » qui a donné la parole aux femmes d’une part, et “l’affaire Harvey Weinstein”, mettant en cause le producteur hollywoodien pour ses agressions sexuelles, il a ensuite pris une toute autre ampleur notamment dans la vague de déboulonnage de statues de certaines figures du passé  liées à la colonisation et à l’esclavage. 

France Info, dans son article “Qu’est-ce que la “cancel culture”, qui fait souvent polémique sur les réseaux sociaux ?“, propose une définition simple de ce mouvement tout en en dressant un rapide historique. 

https://www.francetvinfo.fr/culture/livres/jk-rowling/video-qu-est-ce-que-la-cancel-culture-qui-fait-souvent-polemique-sur-les-reseaux-sociaux_4644741.html

France Culture, dans “Comment la “cancel culture” se développe tardivement en France“, revient sur les mécaniques qui ont exporté cette tendance de fond des Etats-Unis vers l’Europe, et particulièrement en France, lors notamment des manifestations contre le réalisateur Roman Polanski à l’occasion de la sortie de son film “J’accuse” en 2019. 

https://www.franceculture.fr/societe/comment-la-cancel-culture-se-developpe-tardivement-en-france

Franc culture, toujours, et pour aller plus loin, se demande finalement si la cancel culture ne serait pas une nouvelle tyrannie. En effet, “importé des Etats-Unis, terre d’élection d’une nouvelle vague de penseurs combattifs, rattachés à divers mouvements (anticolonialistes, antiracistes, féministes, anti-homophobes, anti-appropriationnistes…), le mot “cancel culture” résonne aussi en France. Hystérisés par des modes de conflit comparables bien qu’à des échelles différentes, à l’image de la question des violences policières, racistes et sexistes, les deux pays sont traversés par une ligne de fracture politique qui renvoie à une certaine éthique de la conversation et du débat public. La “cancel culture” serait ainsi le nom d’un nouveau champ de bataille où les combattants s’affrontent autant sur la forme des désaccords que sur le fond qui les sous-tendent.”

https://www.franceculture.fr/conferences/fondation-dentreprise-ricard/cancel-culture-une-nouvelle-tyrannie

Enfin, dans l’article “Ce que la damnatio memoriae, cancel culture de la Rome antique, nous dit sur l’après-Trump“, Robyn Faith Walsh montre qu’en souhaitant effacer de l’histoire certaines personnalités, les Romains ont fait tout le contraire, allant jusqu’à finalement construire le mythe de ceux qu’ils voulaient supprimer de la mémoire collective. 

https://www.slate.fr/story/201835/donald-trump-oublier-enterrer-dirigeants-histoire-erreur-rome-antique-damnatio-memoriae-cancel-culture

Factuel

Le site de fact-checking de l’AFP, acronyme  pour Agence France-Presse, une agence de presse internationale dont la principale mission est de récupérer, vérifier et diffuser une information auprès des médias et des administrations en s’assurant  au préalable de sa neutralité et de sa fiabilité.

Cette agence de presse publie sa première dépêche le 20 août 1944  qui annonce que  “grâce à l’action des Forces françaises de l’intérieur, les premiers journaux libres vont paraître“. Elle compte Eric Schwab parmi ses premiers photographes de presse. Ce dernier est connu pour avoir accompagné Meyer Levin (écrivain et journaliste américain) dans la découverte et la documentation des camps de concentration nazis en avril et mai 1945.

“La vérification des faits fait partie intégrante de l’AFP en tant qu’Agence de presse internationale depuis près de 180 ans. L’AFP a un statut unique sous la législation française. L’Agence a lancé en son sein un site et un service dédiés au fact-checking en réponse à la multiplication des fausses informations et de la désinformation en ligne, en s’inspirant de son expérience au sein du projet collaboratif CrossCheck, pour les élections en France en 2017.”

https://factuel.afp.com/

Racisme, antisémitisme, xénophobie : des clés pour comprendre et pour agir.

Compte-rendu d’une journée de formation organisée autour d’un cycle de conférences pensé comme un regard croisé de différentes disciplines afin de comprendre au mieux des phénomènes aussi complexes que le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie ; aux analyses historiques se sont donc associées les lectures philosophiques et juridiques.

Racisme Actes Formation 2016

Arguments rhétologiques fallacieux

Erreurs et manipulations de la rhétorique et de la pensée logique.

Le mot « rhétologique » est inventé afin de définir  le mélange des  techniques de rhétorique et  les logiques fallacieuses dans le but d’influencer l’opinion, de brouiller la compréhension, d’obscurcir le discours.

Une infographie (en français et/ou en anglais) est disponible en cliquant sur le lien suivant  :  https://informationisbeautiful.net/visualizations/rhetological-fallacies/

Le complotisme : une révolte ratée

L’article, publié dans The conversation, revient sur la manière dont le complotisme se développe dans le cerveau. Il débute son analyse à partir du départ de Thomas Pesquet vers l’ISS qui a suscité le scepticisme des groupes “platistes” sur les réseaux sociaux. “En France, 9 % de la population est platiste. Aux USA, c’est le cas de 16 % de la population et 34 % parmi les 18-24 ans. Il s’agit probablement d’une des théories complotistes les plus étonnantes bien que probablement l’une des moins dangereuses politiquement.https://theconversation.com/le-complotisme-une-revolte-ratee-161007

Les “films de journalisme”, un genre cinématographique ?

Cours de désinfox” ne pouvait ouvrir sa rubrique filmographie autrement que par évoquer la représentation du journalisme et le traitement de l’information au cinéma. 

A y regarder de plus près, la figure du journaliste apparait sur les écrans quasiment dès la naissance du cinéma. En tant que reporter d’images, créateur de films, tout d’abord,  puisque les premiers opérateurs des frères Lumière  voyageaient pour poser leur caméra et documenter ainsi le monde. En tant que rôle à part entière, ensuite,  dans un des tous premiers film de reconstitution historique, L’affaire Dreyfus, réalisé par Georges Méliès en 1899 (http://quietube7.com/v.php/http://www.youtube.com/watch?v=7tamfo2Zw28&t=427s). Dans ce court-métrage d’environ dix minutes qui retrace l’intégralité de l’affaire, le cinéaste met en effet en scène un débat houleux entre journalistes au sujet de la condamnation du capitaine pour trahison. La figure du journaliste semble donc avoir suivi et traversé l’histoire du cinéma, à l’image de cette scène célèbre dans le western de John Ford, L’homme qui tua Liberty Valence (1962), durant laquelle l’éditeur Maxwell Scott, incarné par Carleton Young, déclare “Quand la légende devient des faits, imprimons la légende“.

“Dès les débuts du cinéma, le journaliste devient personnage de cinéma. Il apparaît aussi bien dans des polars que des drames, des comédies que des westerns, et est souvent là pour symboliser la recherche de la vérité, la dénonciation du mensonge et des magouilles en tout genre” (Stéphane Gobbo, journal Le temps, février 2016). Et c’est tout naturellement aux Etats-Unis, pays où le journalisme représente très tôt un quatrième pouvoir, que cette figure cinématographique s’impose rapidement pour devenir une icône récurrente puisque  “le journaliste concourt à tous les genres. Et des genres qui varient selon les époques. Du western (L’Homme qui tua Liberty Valance, John Ford, 1962) au film d’horreur (Le Cercle, Gore Verbinski, 2002) en passant par les comédies romantiques (Vacances romaines, William Wyler, 1953) et dans pléthore d’autres genres qui composent le cinéma hollywoodien, des films classiques aux blockbusters contemporains.
Cependant, lorsqu’on concentre l’étude sur le journaliste comme figure principale du film, on distingue deux genres majeurs dans lesquels ce personnage est mis en scène : les films policiers et les films politiques, voire dans les deux quand ceux-ci se confondent. Ainsi dans À cause d’un assassinat (Alan J. Pakula, 1974), le meurtre d’un sénateur entraîne le journaliste Joseph Frady à mener l’enquête alors que les témoins, dont une journaliste, meurent les uns après les autres.” (Les métamorphoses du journaliste dans le cinéma américain, Aurélie Poupée, dans Perspectives critiques : la Revue 1 (2006), pages 117 à 127). 

Aussi, loin de  vouloir dresser une liste exhaustive, voici quelques références incontournables du journalisme au cinéma. 

Les Hommes du président d’Alan J. Pakula (1976)  sur l’affaire du Watergate et l’enquête menée par les journalistes du Washington Post. Archétype du film journalistique, son action débute  en juin 1972 lorsque des cambrioleurs pénètrent dans les locaux du parti démocrate à Washington et sont arrêtés par la police. Deux journalistes du Washington Post, Bob Woodward et Carl Bernstein, mènent alors  l’enquête et découvrent que les malfrats, qui s’apprêtaient à installer des micros dans le QG des démocrates, entretiennent des liens avec la Maison-Blanche et le président Richard Nixon. 

https://www.youtube.com/watch?v=xiBrLx3kKfQ

Pentagon Papers de Steven Spielberg (2017) sur l’engagement des Etats-Unis durant la guerre du Vietnam et les dossiers classés secrets du Pentagone publiés par le Washington Post. Le film de Spielberg est un hommage au film de  A. J. Pakula  et se termine par un plan subtile qui le raccorde avec le début de l’action des “Hommes du président”.  Pentagon Papers relate comment le Washington Post, après le New York Times, publie en 1971 une série d’articles révélant le contenu des Pentagon Papers, des documents classés «secret défense» qui témoignent de manipulations orchestrées par les gouvernements américains successifs pour légitimer la guerre du Vietnam. L’onde de choc est considérable et pousse l’administration Nixon à demander, en vain, l’interdiction de la publication. A la sortie de son film, Spielberg déclare :  “Je crois que le film est important quel que soit le moment, mais il est certain qu’actuellement, il y a de nombreuses personnes aux Etats-Unis qui entendent avec, disons… de “nouvelles oreilles”… parce qu’il y a des choses qui se passent dans mon pays en rapport avec les attaques incessantes de nos médias et de toutes sortes de nouvelles sources qui révèlent la vérité, mais qui se heurtent à l’administration de Trump. Et donc quand j’ai lu le script – j’ai reçu le premier jet du script de Liz Hannah, d’un seul coup ça m’a frappé, je me suis dit Oh mon Dieu, le même phénomène est déjà arrivé en 1971, à un époque où n’y avait pas un grand nombre de sources à partir desquelles on pouvait s’informer. Il n’y avait que trois chaînes de télévision et quelques grands quotidiens tout le pays… Richard Nixon a voulu empêcher le New York Times et le Washington Post de publier la vérité et leur a intenté un procès ! Et au début, il a commencé à gagner contre eux ! Et ça, c’est la première fois, dans l’histoire américaine depuis la Guerre Civile, qu’on a empêché la publication d’un quotidien. Donc, avec tous ces parallèles si intéressants, je me suis dit que c’était le bon moment de raconter l’histoire, quand les gens sont conscients de ce qui se passe.” https://www.youtube.com/watch?v=pV-KZSohqjU

Good Night and Good Luck de George Clooney (2005) relate l’engagement du présentateur de télévision Edward R. Murrow  contre le maccarthysme et qui, en 1954,  diffuse un portrait à charge du sénateur liberticide dans son émission See It Now. Redoutant de s’attirer les foudres de McCarthy, CBS refuse que son logo apparaisse durant la diffusion de l’émission. Murrow, réputé pour son allergie à toute forme de «chasse aux sorcières» ne cède pas à la pression, continue son émission  qu’il achève  chaque soir par ce slogan devenu marque de son combat “Good night and good luck”.

  https://www.dailymotion.com/video/xpxehz

 

Révélations de Michael Mann (1999) sur l’industrie du tabac et la stratégie des firmes pour augmenter la dépendance des consommateurs. Au cours des années 1990, Lowell Bergman, un journaliste d’investigation de CBS, reçoit des documents confidentiels prouvant que l’industrie américaine du tabac utilise des addictifs chimiques. Le journaliste rencontre Jeffrey Wigand, ex-vice-président de l’une des principales firmes de tabac, menacé de mort et qui refuse de témoigner à visage découvert. Un film précurseur sur le combat des lanceurs d’alerte. 

https://www.dailymotion.com/video/xpx3xa 

 

La déchirure de Roland Joffé (1984) sur la prise de Phnom Penh par les Khmers rouges. En 1975, Sydney Schanberg, correspondant du New York Times au Cambodge, est assisté par un jeune reporter autochtone, Dith Pran, qui lui apporte une aide des plus précieuses. Lorsque les Américains quittent le Cambodge, Schanberg parvient à faire embarquer la famille de Pran dans un avion de rapatriement. Pran, quant à lui, décide de rester afin de couvrir les événements. Les deux hommes assistent à l’entrée des Khmers rouges dans Phnom Penh, et sont témoins de leur terrifiante cruauté. Réfugié à l’ambassade de France, Schanberg tente en vain d’obtenir un faux passeport pour Pran, qui tombe aux mains des nouveaux maîtres du pays. https://www.youtube.com/watch?v=aUlljGAjs_8

 

L’ombre de Staline d’Agnieszka Holland (2020) sur l’histoire du journaliste gallois Gareth Jones, qui dénonça la famine en Ukraine organisée par Staline en 1933. A cette date, ce journaliste indépendant vient de publier la première interview d’Adolph Hitler tout juste promu chancelier. Le reporter veut enchaîner sur un entretien avec Staline pour percer le secret du “miracle soviétique”, une réussite économique paradoxale alors que le pays est ruiné. Arrivé à Moscou, il se retrouve sous surveillance, lâché par les occidentaux, et découvre la réalité de l’Holodomor (“extermination par la faim”, en ukrainien).  Pour l’historien Nicolas Werth, “comme l’a justement écrit le pionnier des études sur ce drame, l’historien James Mace, la famine ukrainienne fut une “man-made famine” , la conséquence directe d’une politique d’extrême violence (la collectivisation forcée des campagnes) mise en œuvre à partir du début de l’année 1930 par le régime stalinien. Ce dernier entendait prélever sur la paysannerie un lourd tribut afin de réaliser « l’accumulation socialiste primitive » indispensable à l’industrialisation accélérée du pays, et imposer un contrôle politique sur les campagnes, restées jusqu’alors largement en dehors du « système de valeurs » du régime.” https://www.youtube.com/watch?v=bG4LH-uAK8U

Spolight de Thomas McCarthy (2016) relate l’enquête du Boston Globe qui mit au jour en 2002 un réseau de prêtres américains pédophiles. Après une enquête longue de douze mois, les journalistes font éclater le scandale et leur travail d’investigation est récompensé par le prix Pultizer, récompense américaine de l’excellence journalistique. 

https://www.youtube.com/watch?v=RY1k_10EzFs

 

Appréhender les questions socialement vives (QSV).

 

Avec pour acronyme QSV (ou SAQ pour Socially Accute Questions), les questions socialement vives sont présentées comme des sujets complexes et controversés qui suscitent des débats dans des espaces multiples.  

Ces questions sont dites «vives» lorsqu’elles sont controversées dans les trois domaines suivants : 

    • la recherche ( le monde universitaire notamment) et le monde professionnel,
    • la classe, où les enseignants peuvent se sentir en difficultés pour les traiter, non seulement en raison du fait que les savoirs scientifiques ne sont pas encore assez solidifiés, mais aussi face aux possibles réactions des élèves,
    • la société, où les débats multiples sont nourris et véhiculés par une  couverture médiatique plus ou moins fine, plus ou moins objective.

Les QSV relèvent cependant de l’interdisciplinarité. En effet, si elles concernent les divers champs des “sciences dures” et des sciences humaines et sociales, elles touchent également le monde social et professionnel. Dans la sphère de l’enseignement, ces QSV ont abouti notamment au développement d’actions spécifiques telles que l’éducation à la citoyenneté, l’éducation à la sexualité, l’éducation pour la santé, l’éducation pour la sécurité, l’éducation à l’environnement et au développement durable… Les programmes d’Histoire, de Géographie et d’HGGSP sont également les moyens de faire se rencontrer, au sein de la classe, les derniers éléments de la recherche scientifique avec les débats qui irriguent et peuvent crisper la société. 

 

Information en ligne et algorithmes, un cocktail toxique

Une interview de Tristan Mendès France, intervenant à l’École des hautes études en sciences de l’information et de la communication – CELSA9, et  maître de conférences associé à Université de Paris.

https://twitter.com/LCP/status/1111702815330586625?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1111702815330586625%7Ctwgr%5E%7Ctwcon%5Es1_c10&ref_url=https%3A%2F%2Ftristan.pro%2Finformation-en-ligne-et-algorithmes-un-cocktail-toxique-lcp%2F